Livre de bord

En route vers Le Cap, l’expédition est arrivée sans encombres à Knysna, jeudi 22 novembre 2018, malgré une grand voile déchirée, des conditions de mer âpres et la crainte diffuse de ces vagues gigantesques qui se forment parfois le long de cette côte orientale de l’Afrique du sud. A bord, le nouvel équipage qui a pris le relais depuis Durban est composé de Pietro (skipper), Sébastien (second), Candy (cheffe de quart et coordinatrice scientifique, Pierre (cuistot), Sandrine (éducatrice), Noé et Valentin (mousses). Il compte aussi un passager, François, et un scientifique de l’Université de KwaZulu-Natal, David. On les retrouve mi-novembre au moment du départ de Durban au terme de quatre semaines de travaux de maintenance à bord de Fleur de Passion.

Durban

Départ au petit matin du 14 novembre 2018, on quitte enfin le site où nous avons tous pu profiter de la poussière et des bruits habituels des chantiers navals, à nous la mer !

Nous commençons notre périple avec les voiles et le moteur et 2 à 3 mètres de creux, les estomacs n’ont qu’à bien se tenir.  Le bateau est un peu malmené dans cette mer et rapidement, la grand voile se déchire! La navigation en Afrique du Sud commence bien… Heureusement que nous croisons très vite des baleines pour nous remonter le moral ! En milieu de matinée, voilà Fleur de Passion qui navigue en direction de East London sous yankee, trinquette et 2 ris dans l’artimon par force 4-5 du Nord Est. Comme prévu, le vent diminue en début de soirée et nous sommes forcés de remettre le moteur. Première nuit en mer pour l’équipage (sauf les mousses et Sandrine qui sont à bord depuis Maputo). Malheureusement, le temps assez chargé nous empêche d’observer les étoiles ou la côte, nous n’en sommes pourtant qu’à une douzaine de miles. Le lendemain, nous profitons de ce  fameux courant des Aiguilles pour avancer à 8-9 nœuds. Un prélèvement d’eau de surface pour le programme Micromégas sur la pollution micro-plastique est fait dans l’après-midi, suivi par un autre pour le scientifique qui a embarqué à Durban, David Glassom, de l’Université KwaZulu-Natal (lire la news dédiée ici). 

Fleur de Passion entre dans East London à 22h le 15 novembre après 40h de navigation. L’ancre est mouillée, les cœurs et les estomacs peuvent se remettre en place, ça fait du bien lorsque c’est calme. Cette première étape est importante dans le sens où nous sommes dorénavant un peu plus à l’abri de ces fameuses vagues scélérates !

East London 15-18 nov

Nous sommes ancrés dans la Buffalo River face au modeste yacht club du même nom. On profite du chant des oiseaux au réveil et on découvre les environs, une petite expédition en zodiac permet d’observer que les rives de la rivière deviennent vite sauvages plus en amont. Nous restons trois nuits bien à l’abri dans notre rivière en profitant du barbecue, des douches et de la machine à laver du yacht club. Deux prélèvements sont effectués dans la rivière avec David. On en profite aussi pour remplacer la grand voile par une ancienne voile plus petite mais qui fait bien l’affaire. En attendant une nouvelle grand voile qu’il nous faudra commander à notre fabricant North Sails, qui se trouve être basé… au Cap! Ça tombe bien…

L’ancre est levée le 18 novembre 2018 à 3h du matin et nous partons au large (15 miles) pour essayer d’attraper le flux du courant des Aiguilles. Il n’y a pas beaucoup de vent au début mais un bon force 3 s’installe en début d’après-midi et nous voilà dans le courant. Le vent augmente durant la nuit et nous naviguons à 7-8 nœuds par force 6 dans la journée. En fin d’après-midi, après deux virements lof pour lof, on met le cap sur Plettenberg Bay au moteur afin d’y arriver avant la nuit tant il ne fait pas bon traîner dans le coin quand il fait noir.

Plettenberg Bay 19-22 nov

Ancré à l’abri du Cape Seal, Fleur de Passion roule gentiment. Nous resterons ici jusqu’à ce que les conditions nous permettent d’entrer dans Knysna, c’est-à-dire 3 jours plus tard.

Plettenberg Bay est une station balnéaire réputée en Afrique du Sud et ça se voit. Les villas de luxe parsèment la colline et le bord de mer face à nous. La houle nous empêchant de mettre pied à terre, nous organisons des expéditions d’exploration du cap (qui est une réserve naturelle) en zodiac. Le nom du cap n’a visiblement pas été donné par hasard, et nous avons la chance de pouvoir observer des tonnes (oui des tonnes!) de phoques qui se prélassent au pied de la falaise ou qui nagent. S’il y a les phoques, il y a les requins blancs (!), mais nous n’aurons pas la chance d’en observer. De nombreux dauphins sont également observés et enregistrés avec l’hydrophone. Lors d’un prélèvement en zodiac avec David, nous avons la chance de croiser deux baleines entre Fleur et la plage. 

Knysna 22 novembre

Le matin du 22 novembre, nous levons l’ancre et mettons le cap sur ‘The Heads’, la fameuse entrée du lagon de Knysna qui se trouve à 30 miles. Fameuse car elle se mérite, cette entrée! En effet, il ne faut ni trop de houle ni trop de vent et la marée doit être haute. A cela, il faut ajouter que l’entrée est étroite, peu profonde et qu’il y a de magnifiques rochers bien acérés de part et d’autre. On s’approche donc au moteur, on appelle le National Sea Rescue Institute qui nous informe que l’on devrait (au conditionnel) pouvoir entrer et qu’il restera en contact avec Pietro par radio durant toute la manœuvre. On se met dans l’axe, on attend la bonne vague,  Pietro met les gaz, on serre les fesses et yallah ! 

Une fois l’entrée passée, nous voilà dans un autre monde. La mer est calme, il y a des gens qui font du stand-up paddle, des canoes, des petites maisons bien proprettes. Rien à voir avec la côte sauvage, les vagues, le vent que l’on vient de quitter. Le contraste est saisissant mais on a réussi le plus dur. Nous sommes guidés jusqu’à notre place de mouillage, une page se tourne pour cet équipage.

Bientôt arrivera à bord pour une semaine un groupe de quatre jeunes sud-africains et leur accompagnateur dans le cadre d’un projet en partenariat avec l’organisation CapeNature et le soutien de l’ambassade de Suisse à Pretoria.