Livre de bord

Dimanche 25 mars 2018 sur Batam, nous profitons des démarches d’entrée en Indonésie pour faire quelques pas sur l’île le long du chemin côtier depuis Nongsa Point marina, où le voilier est amarré. Batam fait figure de prolongement de Singapour, on y vient pour le weekend d’un rapide coup de ferry, profiter d’une ambiance balnéaire toute relative tant le spectacle des super-tankers croisant au large laisse quand même un peu songeur. Arrivés jusqu’à un imposant complexe hôtelier les pieds dans l’eau, l’ambiance balnéaire en question vire au cauchemar. Rochers noirs de pétrole, noires nappes luisantes flottant à la surface de l’eau, pieds vite couverts d’hydrocarbure pour qui s’aventure sur la plage où des téméraires peuvent malgré tout louer un jet-ski: c’est comme si une mini marée noire s’était déversée sur ce petit coin de côte, aux pieds même du resort et à quelques mètres à peine de touristes faisant trempette dans une piscine heureusement épargnée. Soudain, le spectacle du trafic maritime dans ce qui doit être l’un des endroits les plus fréquentés du globe prend une autre dimension et l’on en vient à se demander si, parmi les milliers de bateaux qui passent au large de Batam chaque année, il ne s’en trouve pas d’indélicats qui dégazent sans scrupule, tout simplement…

Ça ne s’invente pas: dimanche 25 mars 2018 au matin, parmi les centaines de bateaux de commerce aperçus tandis que Fleur de Passion s’éloignait de Singapour après deux semaines d’escale, il s’en est trouvé un au nom de circonstances que le hasard avait placé à portée de vue: le « MAGELLAN », gigantesque porte-containers de la compagnie française CMA-CGM en pleine opérations de chargement-décharchement dans la zone portuaire de la partie occidentale de l’île-Etat. Le hasard était même doublement piquant que ce bateau appartienne à cette compagnie de transport maritime en particulier. Celle-ci est en effet basée à Marseille non loin du port autonome, le lieu même où on démarré les travaux de restauration de Fleur de Passion en 2003…

En ce dimanche matin, donc, après s’être extrait avec prudence de la masse des porte-containers, pétroliers, vraquiers, et autres transporteurs de véhicules les uns à quai, les autres au mouillage, les autres encore en mouvement, Fleur de Passion a mis le cap sur l’île indonésienne de Batam, à quelques heures à peine de navigation, pour y faire les formalités d’entrée en Indonésie.

Temps brouillé comme à l’arrivée douze jours plus tôt, le 13 mars. Rapide crachin même. Et une nouvelle étape vient de commencer dans le sillage… de Magellan!

Toujours cette même touffeur tropicale à Singapour et un nouvel équipage a fini de prendre le relais du précédent: Pere notre skipper espagnol a remplacé Pietro qui était à la barre depuis Puerto Galera aux Philippines, Yffick le bosco a remplacé JJ, un autre breton… Et Inès a repris du service comme cheffe de quart et coordinatrice scientifique à la place de Candy. Une nouvelle dessinatrice est à bord, Cécile Koepfli, la douzième participante au programme culturel Dans le miroir de Magellan depuis le départ de Séville, et nos cinq passagers sont arrivés, de Suisse mais aussi de Jakarta: Azadée, Marie-Claire, Jean-Claude, Michael et Shaun.

Autour de la table du carré, ainsi Pere a-t-t-il pu procéder au rituel briefing d’avant départ, cartes marines déployées de cette toute petite partie de l’Indonésie entre Singapour et Jakarta, où l’arrivée est prévue le 2 avril.