Toutes les News

Voici comme promis une deuxième livraison de dessins réalisés par la dessinatrice genevoise à bord de Fleur de Passion le long des côtes de Madagascar, en juillet 2018. Etonnant!

Vous avez aimé l’exposition « Notre île aux épices » à la bibliothèque de la Cité? A vos agendas pour voir bientôt le film! L’édition 2018 du festival Cinéma Sud organisé aux Bains des Paquis de Genève avec le soutien d’Helvetas consacrera 4 soirées spéciales The Ocean Mapping Expedition, en ouverture de chaque film.

Mercredi 22 août, découvrez en avant-première (VF sous-titrée anglais) « Notre île aux épices », donc, titre du dernier épisode en date de la série documentaire consacrée au tour du monde de 4 ans (2015-2019) dans le sillage de Magellan mené par la Fondation Pacifique. Un épisode plein qui vous emmènera à Rajah Ampat puis aux Moluques, les fameuses îles aux épices au coeur de la quête du navigateur portugais il y a bientôt 500 ans.

Si vous avez raté le début de cette expédition partie de Séville en avril 2015 et mêlant science, éducation et culture, retrouvez également les épisodes 3, 2 et 1 qui seront projetés les jours suivants:

- jeudi 23 août: « Sur la Grande Barrière de corail »

- vendredi 24 août: « La traversée du Pacifique »

- samedi 25 août: « Le détroit de Magellan »

A 20h30. Entrée libre. Apportez votre transat! Abris en cas de pluie.

Projections spéciales OME organisées avec le soutien des Services industriels de Genève.

En cet été 2018, les navigations de Fleur de Passion dans le nord de Madagascar ont pris des airs de retour dans le passé pour trois des personnes du bord, le skipper et deux passagers venus en famille dans le cadre du partage de l’expérience que propose l’expédition, en marge des programmes scientifiques, socio-éducatifs et culturels. Trois des membres fondateurs de l’association genevoise Pacifique qui a racheté puis restauré le voilier de 2003 à 2009, et qui allait par la suite donner naissance à la fondation du même nom, en 2007.

En 1997, c’est en effet sur l’île de Sakatia que Pietro, Stéphane et Bruno s’étaient retrouvés au gré de leurs pérégrinations respectives. Plus de vingt ans après, marqués en particulier par de longues années de bénévolat qui ont permis de donner un nouveau printemps à Fleur de Passion et d’en faire la plateforme logistique de l’actuelle The Ocean Mapping Expedition, c’est dire si les navigations d’aujourd’hui dans le nord de Madagascar l’ont été sous le signe des souvenirs et du partage, entre amis et familles.

Les activités scientifiques liés aux quatre programmes en cours ne s’en sont pas moins poursuivies, les jeunes passagers prenant avec entrain le relai de l’équipage pour se familiariser avec les problématiques de la pollution micro-plastique (programme Micromégas) ou sonore (20’000 sons sous les mers) des océans, le blanchissement des coraux (CoralWatch) ou encore le changement climatique (The Winds of Change).

Au registre du partage de l’expérience, et en présence des deux mousses du programme socio-éducatif Jeunes en mer, chaque jour a également apporté son lot d’activités plus ludiques, baignades à la rencontre de la faune et de la flore locale en particulier. Le tout dans un esprit de convivialité, de partage et d’échange entre personnes d’horizons très variés.

En ces circonstances très particulières, c’est Stéphane Fischer, alias Pitch, qui témoigne, membre fondateur de Pacifique et l’un des « trois de Sakatia » il y a plus de trente ans.

Sakatia, ou la nouvelle île aux tortues.

« A quelques encablures de la côte ouest de Nosy Be, la grande île touristique de Madagascar, se trouve la minuscule île de Sakatia qui s’étend sur à peine 3 km2. Recouverte d’une verdure abondante, bordée de plages idylliques, Sakatia est un havre de quiétude et de nature (presque) sauvage.

Quelque 500 habitants répartis sur plusieurs villages et wazas (blancs) propriétaires ou gérants de lodges de plongées, de pêche se côtoient en harmonie. On y pratique un tourisme respectueux et écologique. Les véhicules à moteur sont bannis de l’île. Les seuls bruits de moteurs que l’on entend sont ceux des génératrices ou des bateaux qui assurent les navettes avec Nosy Be ou les vedettes qui transportent les touristes, relativement nombreux à cette période de l’année.

Pour le skipper et une grande partie de l’équipage, l’escale à Sakatia est une sorte de retour aux sources. C’est là que Pietro, Sophie, Séverine et Stéphane avaient débarqué le 26 juin 1997 à bord de leur voilier Elodie pour rendre visite à un ami plongeur, Christian, alors propriétaire d’une lodge sur l’île. C’est aussi à Sakatia que deux autres passagers actuellement à bord, Sabine et Bruno, étaient venus les retrouver durant l’été pour une croisière dans les îles environnantes.

C’est donc avec un mélange de curiosité et d’appréhension que les six compagnons, réunis cette fois-ci à bord de Fleur de Passion avec leurs enfants, retrouvent Sakatia. 

Christian ayant vendu ses bungalows n’est plus là pour nous accueillir. On retrouve de vieilles connaissances parmi les habitants: Richard et sa compagne genevoise Anne Christine, qui a fondé et construit une école pour les enfants du village; Célestine qui tient un petit restaurant sur la plage et sa fille Mimine devenue maman et maîtresse d’école; Clarisse la commerçante; Jacques le waza pêcheur, etc. 

Au fil des discussions, on se redonne des nouvelles des uns et des autres. On parle de Genève et bien sûr de Sakatia, des cyclones dévastateurs de l’année dernière, de la pêche qui n’est plus aussi abondante qu’autrefois, des rumeurs faisant état de la vente de la partie est de l’île à un grand groupe hôtelier pour y construire un complexe touristique pour clients fortunés. 

Parmi les bonnes nouvelles, on apprend que l’une des nouvelles attractions touristiques de Sakatia est constituée par une petite zone de mer truffée de patates de corail et dont les fonds sablonneux sont recouverts d’algues vertes filamenteuses que viennent brouter des dizaines de tortues marines. Entre deux repas, ces gros animaux placides et débonnaires, nagent paresseusement entre deux eaux remontant juste à la surface pour expirer et reprendre leur respiration.

Ironie du sort, ces algues dont les tortues se délectent ont été plantées artificiellement sur les fonds marins dans le cadre d’un projet d’entraide visant à assurer des ressources complémentaires aux habitants de l’île. En effet, séchées et broyées, les algues peuvent être transformées en farine pour nourrir le bétail. Le projet n’a visiblement pas séduit les habitants. Il fait par contre le bonheur des tortues marines, quoique… En tout cas celui des touristes qui viennent nombreux pour les observer. 

En effet, la cohabitation entre les touristes et les reptiles amphibiens n’est pour l’heure pas très heureuse. Chaque jour, des dizaines de bateaux à moteur remplis de touristes pénètrent dans l’herbier. Sautant à l’eau, les touristes équipés de palmes, masques et tubas se bousculent autour des tortues, certains allant même jusqu’à les toucher. 

Pour éviter que les animaux ne s’en aillent voir ailleurs si les algues sont plus vertes, les habitants de Sakatia viennent d’obtenir une protection officielle de l’herbier à tortues. Des bouées seront prochainement installées autour de la zone pour éviter que les bateaux n’y pénètrent. Les touristes seront obligés de nager pour observer les tortues. Peut-être que leurs guides parviendront aussi à leur inculquer quelques règles de bon comportement, comme par exemple celle de ne pas toucher des animaux sauvages…. »

De retour du bord, la dessinatrice genevoise livre quelques premières illustrations de son voyage le long des côtes nord de Madagascar, début juillet 2018 dans le cadre du programme culturel « Dans le miroir de Magellan ». Ainsi que quelques notes notes prises sur le vif.
« Je rejoins l’équipage de Fleur avec un carnet de petite taille et un choix de matériel – allant des crayons à l’aquarelle, en passant par divers feutres noirs. J’arrive sans projet fixé d’avance, sinon l’envie d’exprimer sous la forme du carnet un certain témoignage de l’expérience partagée. Ainsi, je me laisse porter par l’inspiration suscitée par la rencontre avec les divers archipels auxquels Fleur nous mène : je travaille à même le sol, en dessinant rapidement d’une main, tout en retenant de l’autre la page d’en face qui bat à cause du vent. Je m’imprègne au maximum des ambiances nocturnes et des fonds océaniques puis les retranscris ensuite de tête. 
Bien que j’aie essentiellement composé le carnet de paysages qui m’ont fascinée, je reviens profondément touchée par les rencontres humaines amenées par cette expérience. 
Un immense merci à tous ! Amélie » 
A noter que l’un de ses carnets est visible et même consultable jusqu’au 26 août dans le cadre de l’exposition Carnets, à la Halle Nord à Genève.
 

L’expédition autour du monde, c’est aussi et beaucoup une histoire de partage de l’expérience vécue à bord d’un voilier « de travail » entre gens venus de tous horizons. Parmi ceux-ci, Eric, un passager récemment embarqué à Madagascar témoigne. L’occasion de rappeler qu’il reste des places disponibles à bord pour les navigations de cet été 2018 le long des côtes occidentales de Madagascar. Plus de renseignements sur http://omexpedition.ch/index.php/fr/embarquez ou auprès de Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

« Fleur de Passion, je le connais depuis de longues années, étant l’associé de Pietro (ndlr: président de la fondation Pacifique et l’un des skippers de l'expédition) chez Ecoservices à Genève. J’ai déjà eu la chance de naviguer par deux fois dessus, quatre jours au Portugal en 2013 et une semaine en Méditerranée en été 2014, en famille.

Fin janvier 2018, Pietro m’a proposé de venir naviguer début juin lors du tour du monde, au large de Madagascar. La décision est prise en deux heures, après en avoir discuté rapidement en famille. Mais cette fois-ci, je pars seul, deux semaines. Un voyage seul, à l’autre bout du monde, en Afrique (un continent que j’aime), à bord d’un bateau de travail. Cela me donne également l’envie de me mettre à la voile, moi qui suis habituellement plutôt tourné vers les sommets, afin de pouvoir d’ici quelques années passer le permis mer. Une belle aventure, démarrée un soir de janvier et qui commence en atterrissant à Nosy Be, une île malgache située au nord-ouest de l’île principale. Je connais l’Afrique, mais je crois que j’atterris sur le plus petit aéroport du monde, avec zébus sur le parking, l’aéroport se trouvant en pleine campagne. Une petite route qui serpente dans les collines m’amène dans un « taxi » brinquebalant à Hell Ville où je vois Fleur de Passion au mouillage dans la baie. Et c’est parti pour 12 jours à bord, 12 jours indescriptibles.

Sur Fleur, j’ai appris qu’à Genève, on cherche à ne pas perdre de temps dans une vie où on court, on consomme, on fait, on avance. Sur Fleur, on ne perd pas de temps : on le prend. Des moments magiques à attendre un lever ou un coucher de soleil, des heures passées à la barre à garder le cap, sans penser à grand-chose d’autre, les heures passées en snorkeling, à nager avec d’immenses tortues, au-dessus de milliers de coraux, une plongée plus profonde au milieu de la mer, sur un haut-fond plein de couleurs et de vie. Prendre le temps, durant 15 jours, au milieu d’une vie remplie et agitée, prendre du recul, se retrouver seul sur la plage d’une île déserte, un bonheur que l’on peut retrouver à côté de chez soi, en randonnée, en prenant le temps de petits moments « hors du temps », un objectif avec lequel j’atterris à Genève : continuer à cultiver de petits moments de bonheur comme boire son café en regardant le soleil se lever ou ne rien faire durant une heure, pour profiter d’être là, en Vie.

Et enfin, le plaisir de participer aux manœuvres, à la montée des voiles, la GV (la grande voile), l’artimon, la trinquette, le yankee, le clin foc, où tout le monde a une place, tout le monde participe, pour pouvoir continuer à avancer, marins, passagers, jeunes en séjour de rupture, tous mains dans la main pour aller de l’avant. Et ça aussi, j’atterris à Genève avec ce refrain : « On avance, on avance, on avance, c’est une évidence on n’a pas assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens, il faut qu’on avance », ensemble, collectivement, en famille, au boulot, partout autour de nous. »

Eric, Genève, juillet 2018