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Depuis les îles Salomon où l’expédition navigue en ce mois d’août 2017, Gérard, l’éducateur-navigant du bord, revient sur un mois de traversée depuis Cairns et évoque l’extraordinaire expérience vécue par les cinq adolescents venus de Suisse et embarqués sur Fleur de Passion dans le cadre du programme socio-éducatif Jeunes en mer, en partenariat avec l’association genevoise Pacifique.

« Pour nos cinq jeunes équipiers (1 fille et 4 garçons) âgés de 14 à 16 ans, la dynamique est assez bonne mais dès le départ de Cairns fin juin 2017, on peut déjà identifier quelques points de frictions sous-jacents. Autant pour eux que pour certains adultes, l’amarinage a été difficile et le mal de mer tenace. Mais il faut reconnaître que la mise en oeuvre des routines à bord du Fleur prend toujours du temps.

Quatre jours à Cairns ont été consacrés à finir l’avitaillement, puis nous avons largué les amarres pour passer nos deux première nuits en mer à l’ancre sur la Grande Barrière de corail. De là, nous sommes partis pour une première grande traversée au près, une allure peu idéale pour le Fleur, tirés par des vents réguliers de S-SE. Au bout de six-sept jours de haute mer, nous sommes arrivés sur île de Samarai dans le Sud de la Papouasie-Nouvelle Guinée.

Des habitants de l’île, des Papous, sont venus à la rencontre du bateau pour troquer leurs fruits et légumes inconnus de nous contre du riz ou du sucre. Les Papous sont curieux. Ils approchent le Fleur sur leurs frêles et ancestrales pirogues à balancier. Ici, la nature est exubérante, elle est autant sauvage que paisible et elle a toujours le dessus. Depuis le bateau ancré dans une immense baie, ce que l’on voit de l’île est très vert ou même noir sous une couverture nuageuse changeante et grise. Bien que ça ne soit pas la pire des saisons, il fait chaud et moite et l’on se méfie des quelques moustiques qui rôdent à cause du risque de malaria.

Les Papous sont accueillants, calmes et patients. Tous les jeunes du bord ont été stupéfaits par cette rencontre avec un autre monde où la vie semble simple et sereine. Ici à bord du Fleur, chacun a vécu une émotion. Les jeunes équipiers semblent apprécier ce qui leur apparaît comme un retour aux sources entrecoupés de baignades, de sauts depuis les haubans ou d’une initiation à la plongée sous la direction de Jérôme, l’instructeur navigant du bord.

Depuis la Papouasie-Nouvelle Guinée, nous avons ensuite mis le cap sur Gizo, dans les Îles Salomon. Passés les ajustements du début, le groupe est à un bon niveau et chacun des jeunes assure sa présence aux quarts. Reste que, pour chaque équipier avec ses habitudes citadines et son caractère propre, l’investissement personnel est quand même différent. Plus d’un mois de vie commune à se supporter 24h/24h met en évidence autant les qualités que les fragilités ou les travers de chacun. Evidement, des tensions émergent régulièrement, qu’il faut gérer. Mais rien de grave. Tout comme le Fleur qui avance selon les vents, chaque jeune progresse à une allure qui lui est propre.

A présent, en ce début août 2017, tous les équipiers ont intégré les règles, le rythme et les rituels du bord. Lorsque le bateau est à l’ancre, une routine a été instaurée: le matin, deux heures et demi sont consacrées à du travail à bord pour l’entretien courant du bateau; l’après-midi, place aux missions de l’expédition, comme par exemple des sessions d’observation de l’état de santé du corail dans le cadre du programme CoralWatch, mais place aussi aux activités ludiques comme des baignades en palmes-masque-tuba ou même des initiations à la plongée. D’autres activités encore sont organisées à la demande, comme du matelotage, une visite à terre ou la confection de pain et de gâteaux. Et si besoin, du repos fait parfois beaucoup de bien à tout le monde.

A bord comme à terre, certains moments se veulent délibérément festifs. Ainsi à Gizo, l’équipage a marqué symboliquement la moitié de l’expédition par un repas pris en commun à terre dans un restaurant animé par un groupe de dance indigène. Au final de cette mémorable et belle soirée, tous les jeunes et les adultes ont pu danser ensemble.