Livre de bord

Après quelque deux mois de navigation depuis Séville, Pietro et l’équipage ont passé le relai à un deuxième équipage qui, depuis Salvador de Bahia où Fleur de Passion est arrivé début juin, va mener le voilier jusqu’à Rio de Janeiro ces prochains mois. Avant de s’envoler pour rentrer sur Genève, ils nous livrent un dernier récit de la traversée depuis Fernando de Norohna, au large des côtes brésiliennes, et des quelques jours passés à Salvador.

A Fernando de Norohna, nous accueillons à bord Carole, la femme de Michel qui a fait la traversée depuis le Cap-Vert. Nous sommes le 27 mai.  Le départ est prévu pour 17h afin de longer la côte sud ouest de l’ìle avec le coucher du soleil et l’espoir de croiser les dauphins qui rentrent dormir dans la baia des Golfinhos. Nous ne les verrons malheureusement pas…

Tout est à poste pour une belle navigation, la « flûte enchantée », surnom affectueusement donné au capteur acoustique du programme 20’000 sons sous les mers, est à nouveau déroulée pour permettre aux scientifiques du Laboratoire d’Applications Bioacoustiques de Barcelone de poursuivre la collecte de sons marins. Nous recevons également la météo tous les deux jours, ce qui devrait nous permettre de prévoir un peu mieux la route…

Fernandho  -  Salvador

L’équipage est maintenant bien rôdé, les quarts se font sans accrocs et Carole se glisse à merveille dans l’ambiance du bord. Elle craignait fortement le mal de mer et dès le début, elle n’a pas oublié de prendre un cachet de « mer calme ». Ainsi dès le départ, elle est d’attaque et assume ses quarts comme l’entier de l’équipage. Les jours se suivent et se ressemblent. Après la transat, chacun connait un peu mieux ses besoins et les temps de pause, de sieste, de repos, de confection du pain, des repas, d’entretien du bateau etc…  sont rythmés par la feuille de quart. Le midi et le soir sont des moments où l’on se croise quasi tous. 

La nuit du 30 mai, après un quart de minuit à 3h branlant à souhait (vent du sud, force 3, houle d’est avec des creux de 2 mètres, cap vrai 200), le vent tourne tout d’un coup au sud-est force 4 et nous décidons de hisser notre bonne vieille grand voile, en attendant de prendre livraison d’un nouveau jeu de voiles neuves au Brésil. Et là, patatras! Une nouvelle déchirure de plus de 6 mètres nous oblige à affaler!!! La guigne!

Heureusement, dans la foulée, le vent reste stable au SE et passe même le jour suivant à l’est sud-est. Nous nous mettons alors en configuration de transat des alizés avec toutes les voiles d’avant, soit le clin foc, le foc (endraillé sur l’étai de fortune établit par Thierry et Amélie à Mindelo), la trinquette et l’artimon. Nous filons entre 3 et 7 nœuds en fonction des grains, qui nous arrivent régulièrement, et chaque quart essaie de les éviter avec quelques petits slaloms sous l’œil conciliant du capitaine quant au cap à tenir… 

La vie à bord est assez lente… on sent que la fatigue a gagné un peu tout le monde. La houle croisée n’arrange rien, sachant que Fleur de Passion est toujours beaucoup plus stable avec la grand voile. Il est grand temps d’arriver. Quelques défis ponctuels au backgammon ou au poker font vibrer encore le carré ainsi que les moments de repas où personne n’a relâché la garde. Merci à Orlane et à « ceux qui ont fait le pain » ! 

Salvador

Finalement nous y sommes !!! Nous arrivons à Salvador de Bahia au soir du 1er juin en lieu et place du 2 comme initialement prévu. L’entrée dans la baie est magnifique, coucher de soleil d’un côté et pleine lune de l’autre… A 18h42, nous mouillons l’ancre dans la pénombre de la nuit qui arrive… Juste à temps. 

Le lendemain, les formalités administratives dureront une journée pleine, pendant laquelle nous partons également à la recherche d’une connexion wifi pour être en lien avec la Suisse. Le soir, nous fêtons le départ de Michel et Carole dans le quartier du Pelourhinho où l’on croisera une bande de percussionnistes qui achèvent de nous immerger dans l’ambiance brésilienne.

Après deux jours de visite de la ville, départ pour la Bahia de Todos os Santos à la découverte de quelques mouillages idylliques, puis retour à l’Ilha de Bon Jesus où nous avons eu le premier mouillage sans aucun bruit ! Tôt matin le 6, nous partons explorer en zodiac la mangrove environnante. Que de sons et de belles lumières !

Dimanche 7 juin, c’est l’anniversaire de notre adorée « seconde », Amélie, qu’on part fêter comme il se doit dans un magnifique mouillage. En attendant Antoine le prochain skipper et Olivier son second, qui prendront la relève pour assurer la poursuite de l’expédition le long des côtes brésiliennes jusqu’à Rio de Janeiro.

A bientôt !