Livre de bord

Dans la perspective de la traversée du Pacifique, à partir d’avril, Grégoire l’un des chefs de quart s’est livré à une opération potentiellement vitale. Au sens propre.

Sur la longue table du carré, profitant de l’escale à Valdivia en ces mois de février-mars, il a consciencieusement passé en revue l’entier de la pharmacie du bord, vaste tâche… Plusieurs malette et boîtes pleines à craquer rangées en bas, à proximité des cabines. Inventaire de l’existant et du manquant selon la liste pré-établie, tri du périmé et recensement méticuleux des stocks à repourvoir d’ici fin mars: l’exercice a été long, méthodique. La table s’en est trouvée couverte d’une quantité impressionnante de boites petites et grandes, tubes, sachets et autres kits de premiers soins destinés à faire face à toutes les situations possibles dans l’éventualité où, à une semaine de navigation minimum de toute terre hospitalière, l’équipage devrait s’en remettre à lui-même et aux indications de secours communiquées par radio. Et au gré de l’inventaire, forcément, quelques pensées un peu glaçantes comme lorsqu’il exhibe telle ou telle substance assortie d’un commentaire qui fait rire jaune: « Celui-la je n’aimerais pas avoir à le prendre parce que quand tu prends ces comprimés, c’est que tu es vraiment mal… »