Livre de bord

Nos sept nouveaux mousses n’ont eu que 19h à bord de Fleur de Passion avant de se mettre dans le bain, ou plutôt la marmite bouillonnante du Pacifique agitée par des rafales à plus de 30 nœuds (60 km/h) pendant la première nuit et 4 m de creux!

Au matin du départ, dimanche 10 avril, le réveil a été difficile pour les jeunes qui venaient de faire un long voyage depuis Genève. Les yeux étaient fatigués et les mouvements lents dans l’obscurité brumeuse du Rio de Valdivia. Mais, chacun c'est levé pour assister au départ.

A peine sorti du Rio Valdivia, le bateau se dandinait déjà toute voile dehors en attenant le flux de Sud. Au bout de quelques minutes, les premiers estomacs ont commencé à flancher et les sceaux disponibles sont vite devenus rares à bord ! Hormis les marins professionnels, seul Thomas, à peine 14 ans, a résisté aux mouvements du bateau et s’est même amusé à la proue à jouer avec le tangage et le roulis.

Sachant qu’un vent de Nord a été annoncé fort à partir du mardi (12 avril) au matin, il a fallu faire marcher le bateau au mieux de ses capacités pour aller vite. Après 340 milles parcourus pour la plupart à la voile à une moyenne de 7 nœuds, nous avons trouvé un abri bien salutaire à 250 milles au nord de Valdivia et avons mouillé l’ancre près du port commercial de Conception juste avant que le vent du nord ne se lève.

L’endroit n’est pas idyllique mais nous nous sentons très à l’abri du mauvais temps. Nos voisins sont bruyants mais tellement drôle à observer! Une communauté d’une centaine de phoques et lions de mers vit effectivement à 50 mètres de nous sur les remparts d’une ancienne digue.

Finalement, tout le monde s’est remis de cette première navigation et les quelques jours de répits avant de reprendre le large sont très appréciés par tout le monde. Nous laissons passer la tempête qui sévit depuis le début de la semaine sur les côtes du chili et dans la région australe de la Patagonie. Le départ pour la traversée est prévu pour ce samedi et nous devrions arriver aux alentours du 19 avril sur l’île de Robinson Crusoé. Mais tout le monde a appris le vieil adage, selon lequel « on sait quand on part, on ne sait jamais qu’en on arrive » !