Livre de bord

Et tandis qu’entre temps, Fleur de Passion est arrivé à Dakar, le récit de la remontée depuis le Cap nous plonge dans l’ambiance plutôt détendue du bord, malgré l’étouffante moiteur qui s’installe à mesure que le bateau s’approche de l’Equateur.

Mer belle, soleil. En ce 12 mars, 13ème jour de navigation depuis le départ du Cap, Timo l’un des quatre ados du programme Jeunes en mer est monté au sommet du mât principal. Avec l’accord du capitaine comme il se doit, règlement du bord oblige, équipé d’un harnais de sécurité et sous la surveillance de Camille, le second. Il avait vu ce dernier y monter et avait demandé à pouvoir faire de même, pour le plaisir de surplomber le pont et d’embrasser l’horizon du regard depuis une vingtaine de mètres de haut. 

Greenwich en mer

A 19h15 et 14 secondes ce jour-là, nous franchissons le méridien de Greenwich d’Est en Ouest. Quelques heures plus tard, dans la journée du 13, la seule différence ressentie n’a rien à voir avec une quelconque question d’horaire: une vague de chaleur s’abat sur le bateau, peut-être une masse d’air en provenance de l’Angola que nous longeons sans l’apercevoir par tribord. Ou le fait que jour après jour, nous nous rapprochons de l’Equateur.  

A partir du 16 mars en effet, l’atmosphère devient lourde dans les cabines et tout le monde transpire. Depuis quelques jours, certains membres de l’équipage dorment carrément sur le pont à la recherche du moindre souffle d’air frais qui les rafraichisse.

Les jours suivants, par une mer toujours aussi peu agité et sous soleil omniprésent, l’inexorable remontée se poursuit en ligne direct vers Dakar, sans escale à Saint-Hélène comme initialement prévu. Le timing est trop serré si l’on veut rejoindre la capitale sénégalaise à temps, fin mars, pour avoir le temps de souffler un minimum avant les divers événements qui y sont prévus début avril.

Dimanche de fête, doublement

Comme tous les dimanches matin, c’est un peu jour de fête à bord! Au petit-déjeuner, il y a du lard accompagné de deux oeufs que chacun peut cuisiner à sa manière. Et ce soir-là, summum pour les jeunes du bord, l’équipe de quart de cuisine a préparé des hamburgers-frites dont les pains ont été confectionnés le matin même par Tamara, l’éducatrice-navigante du bord. 

Avec cette chaleur qui s’accroît de jour en jour, tout le monde manifeste l’envie de se baigner, bien qu’il ne soit pas possible de s’arrêter si nous voulons rester dans les temps. Aussi une solution s’impose-t-elle grâce aux nécessités du bord: l’équipage avait l’intention de tester la pompe amovible du bateau. Le tuyau est donc plongé dans la mer par-dessus bord et une fois la pompe en route, tout le monde profite d’un arrosage collectif aussi joyeux et festif que rafraichissant.

Dans l’après-midi du 19 mars, tandis que le voilier est sur le point de franchir l’Equateur, deux des jeunes du bord et le coordinateur scientifique en stage à bord ont l’idée de se faire des coupes de cheveux de circonstance. Car comme le veut la tradition, on se rase la tête la première fois qu’on passe cette ligne de séparation des deux hémisphères, et c’est leur cas. Ben, l’un des deux jeunes, se fait faire une magnifique coupe de moine tandis qu’Arthur, le coordinateur scientifique, opte pour le style iroquois. Timo, le deuxième jeune, aurait lui aussi voulu la même si la tondeuse du capitaine ne s’était pas déchargée. D’où un résultat improbable qui ajoute au cocasse de la scène…