Depuis Bahia Queta, dans l’un des méandres du détroit de Magellan où l’expédition a fait halte mercredi, Pierre Wazem livre de premières impressions sur la vie du bord et ce bout de terre où finit l'Amérique.

Le Genevois est le quatrième dessinateur du programme culturel Dans le miroir de Magellan à avoir embarqué à bord de Fleur de Passion, depuis le départ de l'expédition en avril de Séville. 

« De quitter Punta Arenas et de commencer à naviguer a été un grand moment. Tout le monde était un peu excité, du moins pas visiblement, parce que les marins sont calmes, lents et pondérés. Sans doute qu'ils se fondent peu à peu dans le rythme de leur bateau.

Il y a du vent, beaucoup, souvent. Dans la grande distribution des éléments, la Patagonie a surtout reçu du ciel et du vent. Et assez peu d'autres choses. Sous ce vent, nous avons passé avec émotion le cap Froward, l'extrême pointe sud du continent sud américain. L'Amérique finit là. Ensuite, on a débarqué quatre fous qui vont traverser une île vierge. Trois jours de trek dans l'inconnu total. Cette aventure me faisait très envie jusqu'à ce que je les vois quitter le bateau sous une pluie battante et un vent bien glacé. On est sensé les retrouver à l'autre bout de l'île. Vivants.

Hier, j'aurai vu baleines, dauphins, phoques, goélands, albatros, condors dans des vents tempêtueux, des pluies battantes, du soleil radieux et j'en passe, tout ça avec une bande de sympathiques camarades dans un bateau magnifique. On aurait cru plusieurs journées en une seule… »