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Dans les jardins du « Musée des îles » de Tahiti, à quelques kilomètres de la capitale Papeete, un petit arbre anodin passe totalement inaperçu aux yeux des quidams. D’autant plus inaperçu qu’il est un peu souffreteux ces temps... La faute paraît-il à une mouche qui sévit depuis peu en Polynésie et menace l’espèce. Il s’agit pourtant d’un arbre au nom évocateur: l’arbre à baleines! Non pas qu’il en porte, du « haut » de ses même pas deux mètres. Ni même des baleineaux. Mais voilà une de ces coïncidences de la nature qui fait rêver: quand les baleines à bosses remontent des eaux antarctiques et atteignent les eaux délicieusement chaudes de la Polynésie pour y mettre bas et se reproduire, vers le mois de juillet-août, de son nom savant Erythrina tahitensis, l’arbre à baleines perd ses feuilles et fleurit de spectaculaires fleurs jaune-orangé! Et quand les baleines repartent en fin d’année vers les latitudes australes, les fleurs tombent et l’arbre retrouve son feuillage.

En ce mois de juin, l’arbre avait toutes ses feuilles et il n’est donc pas étonnant que lors de ses premières navigations dans les îles australes, Fleur de Passion n’ait pas croisé de baleines à bosses. Il conviendra donc de guetter leur arrivée et c’est ainsi le prochain équipage, courant août, qui aura l’honneur d’en rencontrer. La mission aura entre temps pris du volume. Car il ne s’agit plus simplement d’enregistrer leur chant dans le cadre du programme 20’000 sons sous les mers, mais aussi de mener toute une palette d’autres activités en partenariat notamment avec le chercheur Michael Pool, l’un des spécialistes des baleines basé en Polynésie française depuis des décennies: observation et prise de photo de leurs nageoires à des fins d’identification; et prélèvement d’échantillons de peau morte qui flottent à la surface après que les baleines ont sauté et frappé la surface de tout leur poids en retombant, de manière également à mener des études sur les populations et leur génétique.

Parmi les nombreux autres partenaires académiques et associatifs avec lesquels elle collabore en Polynésie française depuis son arrivée, The Ocean Mapping Expedition s’est également rapprochée de l’association Mata Tohora (littéralement « l’oeil de la baleine », www.matatohora.com), qui oeuvre à la préservation des mammifères marins de Polynésie. Sur l’île de Rurutu, dans les Australes, une petite équipe formée entre autre de Yaiza, la scientifique du bord, Tevai, le représentant local de Mata Tohora, et de Matahi, le cameraman du bord, a ainsi monté une petite « expédition dans l’expédition » destinée à aller plus au large capter le chant des baleines à bosses. Mais peine perdue. A Tahiti, l’arbre a baleines disait juste et l’équipe est rentrée bredouille. Ou presque. A défaut de baleine à bosses, c’est une femelle rorqual commun et son jeune baleineau qui ont souhaité la bienvenue à l’expédition en s’approchant tout près du zodiac. Le rorqual a une fréquence de chant très basse qui rend celui-ci quasiment inaudible pour l’oreille humaine. Mais grâce à l’hydrophobe portatif, il a été possible de l’enregistrer. Un bon présage pour la suite de l’expédition dans la région.