Livre de bord

Il en va de l’escale à Valdivia comme de toute escale: elle donne lieu à son lot de travaux de maintenance, de menues réparations ou d’améliorations, c’en est infini… Il en était question

dans une News précédente au sujet des travaux de ponçage et de peinture sur la coque, qui en avait bien besoin. Du moins à titre cosmétique avant sortie de l’eau du bateau en bonne et due forme, ce sera pour la fin de l’année en Australie. Mais l’histoire n’était pas finie. En ce jeudi matin 25 février, Jorge et l’équipage ont fait faire un 180° à Fleur de Passion pour qu’après tribord, il expose son flanc bâbord aux coups de ponceuse puis de peinture prodigués depuis l’annexe amarrée côté Rio Valdivia. Aux instruments, concentrés et appliqués, Luis le mousse et Grégoire le chef de quart. Mais s’il n’y avait que la coque…

Depuis l’arrivée du bateau le 17 février, JJ le second s’est mis en tête d’améliorer l’escalier qui descend à la salle des machines. Une échelle en fer raide comme comme un redressement fiscal, il en sait quelque chose! A son arrivée sur le bateau fin janvier, une maladresse l’a fait lourdement chuter tout en bas et il s’est salement amoché une côte. On a craint que ce soit du sérieux mais JJ est un marin breton catégorie dur à cuire, si la formule ne relève pas du pléonasme… Et malgré une douleur lancinante qui traine les pieds à l’idée de lui lâcher la grappe, il a repris son poste, impassible. Ses postes, devrait-on même dire, tant il est capable de passer du pont à la salle des machines, de la cuisine à l’intendance, avec sa gouaille faussement bougonne qui ravit le bord…

Améliorer l’escalier, donc… JJ s’y est mis, transformant la poupe du bateau en un petit atelier de menuiserie à ciel ouvert où il taille à la scie sauteuse dans d’opportunes chutes de bois les nouvelles marches de son prochain grand, l’air de rien. Pour l’anecdote s’est lui qui, en octobre-novembre dernier, alors que l’expédition dévalait les côtes argentines vers les frimas de la Patagonie, a construit l’abri du poste de pilotage, une véritable bénédiction pour celles et ceux qui l’ont expérimenté dans les canaux du détroit de Magellan. Voilà pour l’escalier.

Et puis il y a les ridoirs, ces pièces de métal qui servent à raidir - d’où leur nom - les haubans des barres de flèches. Bon ok, pour celles et ceux qui ne connaissent le bateau… Bref, ces pièces essentielles sont elles aussi victimes des assauts du temps et quand il ne peint pas la coque, Luis leur fait leur affaire à coup de brosse métallique puis de peinture blanche. Suspendues sur un cordage quelconque, ils sèchent ensuite au petit vent avant de retrouver leur poste.

Et puis, et puis… Toujours dans la catégorie pinceau, il y a ces parties du mât principal et d’artimon qui ont nécessité un ponçage en règle avant d’être vernies de nouveau. Hissée à hauteur de chantier sur sa planche de bois, hurlant pour qu’on l’entende et qu’on la fasse redescendre sur le plancher des marins quand elle a fini, c’est Manon la mousse qui opère, elle adore et on la comprend. Il faut dire qu’à force, on se lasserait presque de cette même vue du bateau au ras du pont. Et que l’admirer vue plongeante depuis les confins du gréement s’impose comme une expérience à vivre.

Ainsi s’achève une petite tournée non exhaustive des chantiers en cours, les chantiers du jours… Et comme demain est un autre jour…