Livre de bord

Dernière navigation dans les Açores, deux passagères embarquent le dimanche 2 juin 2019 et complètent l'équipage déjà en place pour quitter l'île de Faial en direction de l'ouest et de l'île de Sao Miguel. Fleur de Passion commence sa route au moteur puis nous touchons du vent qui nous permet de poursuivre à la voile. On croise la route d'un cachalot au sud de l'île de Pico avant de se retrouver en pleine mer. La navigation est paisible, avec une moyenne de 4 noeuds, nous mettrons moins de 48h pour atteindre Sao Miguel. En passant devant Ponta Delgada, gros port industriel, nous décidons de mouiller plus à l'ouest en face de Vila Franca do Campo, petit village paisible. C'est ici que Pietro le skipper laisse le bateau aux mains de Pere. Yves l'éducateur nous quitte également tandis qu’Yffick vient compléter l’équipage.

Avitaillement, eau, lessive, etc: la préparation de Fleur de Passion pour l’ultime traversée en direction du continent européen se déroule sans entrave particulière. Le dessalinisateur auquel on ne croyait plus est testé et ô miracle, il fonctionne à nouveau! Nos prochains passagers ainsi que la 19ème dessinatrice, Kati Rickenbach-Bopp embarquent le 9 juin. Nous voilà 10 à bord, les 3 marins (Pere, Yffig, Candy), les 3 jeunes (Lena, Valentin, Kendry) et les passagers (Kati, Frederic, Estelle et Marie). Après plusieurs analyses météorologiques, nous appareillons le 11 juin et c'est parti pour la dernière traversée de l'expédition. Le vent ne nous est pas très favorable durant les premiers jours. En revanche, l’état de la mer est plutôt bon et permet aux passagers de s'habituer gentiment aux mouvements du bateau et de s’amariner en douceur. Les quarts rythment les journées qui s'enchaînent avec quelques tentatives de naviguer uniquement à la voile, mais sans grand succès. Les prélèvements d’eau de surface sont pleins de vellèles et parfois de physalies, sorte de méduses dont les tentacules peuvent être très venimeuses. Les échantillons sont donc manipulés avec des gants et avec beaucoup de précautions. A mi-chemin, le vent est tellement faible qu'une baignade (pas de méduses en vue) a lieu au beau milieu de l'océan par 4900m de fond.

Bientôt, une dépression nous rattrape que les passagers l'attendent de pied ferme. Vivre enfin de vraies conditions de navigation à la voile! C’est chose faite, le baromètre baisse, nos fichiers météos nous l’annoncent et le 17 juin, changement d’ambiance… Après trois jours de ciel bleu sans vent, tout devient gris, des grains arrosent le pont, le vent monte, force 3, 4, 5 puis 6. Sous yankee, artimon avec deux ris et grand-voile, Fleur de Passion trace un bon 5,5-6 noeuds. La mer est encore peu agitée, mais dès le lendemain, à l'approche des côtes, trois mètres de creux avec des vagues à 4-5m (il faut toujours qu'on exagère l'estimation) finissent de calmer tout le monde à bord. C'est avec force 6, une gîte assez prononcée et des grains qui ne faiblissent pas non plus qu'on aperçoit enfin l’Espagne et le relief de la côte de Galice. Le vent du sud ne nous permet pas de nous rendre comme convenu à Baiona, au sud de Vigo. Aussi Pere trouve-t-il un mouillage à l'abri de la houle un peu plus au nord. Nous mouillons à Playa de Aquileira à côté de Portosin à 17h00, le 18 juin, après 850 milles, trois thons pêchés, du beau et du moins beau temps croisé sur notre route. Le lendemain, profitant de l’accalmie, nous levons l'ancre et mettons le cap vers Baiona, à 50 milles plus au sud, où il est prévu que l’expédition fasse une halte de quatre semaines dédiées à quelques travaux d’entretien et à des navigations dans la région. Nous ferons d’ailleurs ce dernier trajet en deux fois pour profiter, membres d’équipage comme passagers, d’admirer les îles de la région. Le 20 juin en fin de matinée, nous mouillons enfin au Puerto Deportivo Baiona.