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Dans la réserve marine d’Arnavon islands, début août 2017, l’équipage de Fleur de Passion et les adolescents du programme Jeunes en mer ont eu la chance d’assister à la ponte puis à l’éclosion d’oeufs de tortues. En même temps qu’ils étaient témoins de la manière dont les déchets plastiques, eux, viennent mourir jusque sur les plages les plus éloignées des îles Salomon. Saisissant chassé-croisé entre une nature intemporelle et notre glorieuse modernité…

Depuis notre départ de Cairns, nous avions dans l’idée de nous arrêter sur Arnavon islands. Ces îles constituent aujourd’hui la plus grande et la plus ancienne aire marine protégée des Salomon, et l’un des plus grands lieux de ponte pour les tortues Hawkbill et vertes dans l’archipel. La réserve marine à proprement parler est constituée de quatre îles: Kerehikapo, Sikopo, Petite Maleivona and Grande Maleivona. La pêche n’y est bien sûr pas autorisée. S’arrêter pour y mouiller en bateau, y pratiquer le snorkeling ou la plongée et même y effectuer une visite est régulé par les autorités du parc.

Les tortues y pondent principalement la nuit. Après 50-60 d’incubation, les deux éclosent et les bébé tortues se frayent un chemin jusque vers la mer. Aux Salomon, la pêche des tortues et la collecte d’eux ne sont pas interdites, raison pour laquelle la réserve marine est particulièrement important, de sorte que les zones de pontes soient protégées et que l’espèce survive.

Le 7 août, nous sommes arrivés à Arnavon islands. Nous avons franchi l’étroite passe qui mène au lagon et mouillé à proximité de la plage. L’équipage a débarqué pour s’entretenir avec les employés de la réserve et convenir d’une halte de trois jours, le temps d’y faire quelques activités. Dès le lendemain, cette escale dans l’île a commencé par une visite des employés à bord de Fleur de Passion pour leur présenter l’expédition, les équipements de prélèvements micro-plastiques, les hydrophones du programmes 20’000 sons sous les mers, leur projeter les films des étapes précédentes. Puis, tout le monde s’est rendu à terre pour une balade dans l’île et se familiariser avec l’endroit, avant de partager un déjeuner somptueux préparé par les employés de la réserve à base de thon et de riz au lait de coco. Après le repas, partie de snorkeling dans le lagon! Et un festival de vie marine: requins, tortues, raies et une myriade de poissons multicolores.

A la nuit tombée, nous sommes retournés à terre dans l’espoir d’assister à la ponte de tortues. Et après cinq minutes de marche sur la plage, nous sommes tombés sur une tortue Hawkbill qui entreprenait de gravir la faible pente de la plage. Nous étions tous très excités d’être les témoins d’un tel moment! Après une attente d’une heure, le temps qu’elle creuse son nid, la tortue a ensuite pondu ses oeufs: 174 au total, dûment répertoriés par les employés de la réserve! Lesquels ont ensuite entouré le nid d’une protection contre les redoutables prédateurs qui déciment les nids: oiseaux, crabes, serpents, etc.

Le 9 août au matin, devant un autre nid, nous avons cette fois assisté et participé à l’éclosion d’une portée de bébé tortues. Sur les indictions des employés de la réserve, nous avons aidé à creuser le sable pour aider les nouveaux-nés à gagner la mer, où nous les avons observés y faire leurs premiers mouvements: plus de 100 tortues!

Changement de registre le lendemain: nous avons proposé aux employés de la réserve de mener une opération de nettoyage des déchets plastiques jonchant la plage. Des monceaux de plastiques s’échouent en effet sur les côtes de ces îles exposées à des courants, et la pollution plastique y est un véritable fléau. Munis de sacs poubelle, tout l’équipage de Fleur de Passion, et en particulier les cinq adolescents du programme Jeunes en mer, a ainsi dédié la matinée à ramasser tout ce qu’il était possible de ramasser de débris, capsules, sachets et autres débris de toute taille, de toute couleur et forme. Une démarche totalement vaine d’un certain point de vue, et pourtant tellement nécessaire…

Après un dernier repas pris en commun avec nos amis de la réserve, nous avons repris la mer en direction de Russell islands, des souvenirs plein la tête de cette escale au pays des tortues. Et des déchets plastiques!

Depuis les îles Salomon où l’expédition navigue en ce mois d’août 2017, Gérard, l’éducateur-navigant du bord, revient sur un mois de traversée depuis Cairns et évoque l’extraordinaire expérience vécue par les cinq adolescents venus de Suisse et embarqués sur Fleur de Passion dans le cadre du programme socio-éducatif Jeunes en mer, en partenariat avec l’association genevoise Pacifique.

« Pour nos cinq jeunes équipiers (1 fille et 4 garçons) âgés de 14 à 16 ans, la dynamique est assez bonne mais dès le départ de Cairns fin juin 2017, on peut déjà identifier quelques points de frictions sous-jacents. Autant pour eux que pour certains adultes, l’amarinage a été difficile et le mal de mer tenace. Mais il faut reconnaître que la mise en oeuvre des routines à bord du Fleur prend toujours du temps.

Quatre jours à Cairns ont été consacrés à finir l’avitaillement, puis nous avons largué les amarres pour passer nos deux première nuits en mer à l’ancre sur la Grande Barrière de corail. De là, nous sommes partis pour une première grande traversée au près, une allure peu idéale pour le Fleur, tirés par des vents réguliers de S-SE. Au bout de six-sept jours de haute mer, nous sommes arrivés sur île de Samarai dans le Sud de la Papouasie-Nouvelle Guinée.

Des habitants de l’île, des Papous, sont venus à la rencontre du bateau pour troquer leurs fruits et légumes inconnus de nous contre du riz ou du sucre. Les Papous sont curieux. Ils approchent le Fleur sur leurs frêles et ancestrales pirogues à balancier. Ici, la nature est exubérante, elle est autant sauvage que paisible et elle a toujours le dessus. Depuis le bateau ancré dans une immense baie, ce que l’on voit de l’île est très vert ou même noir sous une couverture nuageuse changeante et grise. Bien que ça ne soit pas la pire des saisons, il fait chaud et moite et l’on se méfie des quelques moustiques qui rôdent à cause du risque de malaria.

Les Papous sont accueillants, calmes et patients. Tous les jeunes du bord ont été stupéfaits par cette rencontre avec un autre monde où la vie semble simple et sereine. Ici à bord du Fleur, chacun a vécu une émotion. Les jeunes équipiers semblent apprécier ce qui leur apparaît comme un retour aux sources entrecoupés de baignades, de sauts depuis les haubans ou d’une initiation à la plongée sous la direction de Jérôme, l’instructeur navigant du bord.

Depuis la Papouasie-Nouvelle Guinée, nous avons ensuite mis le cap sur Gizo, dans les Îles Salomon. Passés les ajustements du début, le groupe est à un bon niveau et chacun des jeunes assure sa présence aux quarts. Reste que, pour chaque équipier avec ses habitudes citadines et son caractère propre, l’investissement personnel est quand même différent. Plus d’un mois de vie commune à se supporter 24h/24h met en évidence autant les qualités que les fragilités ou les travers de chacun. Evidement, des tensions émergent régulièrement, qu’il faut gérer. Mais rien de grave. Tout comme le Fleur qui avance selon les vents, chaque jeune progresse à une allure qui lui est propre.

A présent, en ce début août 2017, tous les équipiers ont intégré les règles, le rythme et les rituels du bord. Lorsque le bateau est à l’ancre, une routine a été instaurée: le matin, deux heures et demi sont consacrées à du travail à bord pour l’entretien courant du bateau; l’après-midi, place aux missions de l’expédition, comme par exemple des sessions d’observation de l’état de santé du corail dans le cadre du programme CoralWatch, mais place aussi aux activités ludiques comme des baignades en palmes-masque-tuba ou même des initiations à la plongée. D’autres activités encore sont organisées à la demande, comme du matelotage, une visite à terre ou la confection de pain et de gâteaux. Et si besoin, du repos fait parfois beaucoup de bien à tout le monde.

A bord comme à terre, certains moments se veulent délibérément festifs. Ainsi à Gizo, l’équipage a marqué symboliquement la moitié de l’expédition par un repas pris en commun à terre dans un restaurant animé par un groupe de dance indigène. Au final de cette mémorable et belle soirée, tous les jeunes et les adultes ont pu danser ensemble. 

A bord de Fleur de Passion en cet été 2017, un groupe de cinq adolescents genevois - 4 garçons et 1 fille - expérimente la vie en mer dans le cadre du programme socio-éducatif Jeunes en mer. Embarqués à Cairns fin juin pour deux mois, ces équipiers à part entière s’initient à la manoeuvre et aux exigences de la vie en groupe à bord d’un voilier de travail dévolu au « faire ensemble ». Ils sont aussi les témoins privilégiés des enjeux environnementaux au coeur de l’expédition. Et plus encore que les témoins, ils participent aussi à la mise en oeuvre de certains des programmes scientifique, comme celui consistant à observer l’état de santé des coraux. Exemple à travers ce bref récit de Yaiza, la coordinatrice scientifique du bord. 

« Depuis notre départ de Cairns fin juin 2017, les vents nous ont portés en direction de la Papouasie-Nouvelle Guinée et nous en avons profiter pour découvrir une partie de sa faune et de sa flore, sous-marine en l’occurence. Le pays jouit en en effet d’une très riche biodiversité, également terrestre. Il demeure peu étudié et plein d’espèces y sont encore à découvrir. C’est là qu’avec l’équipe de cinq jeunes présents à bord, nous avons pu poursuivre nos observations de l’état de santé des récifs coralliens dans le cadre du programme CoralWatch, débuté en avril dernier en partenariat avec le projet basé à l’Université du Queensland (UQ) à Brisbane.

Une première fois dans la baie de Haliwa Una, avec Jonathan et Leandro, nous avons pu constater que le récif sur lequel nous avons mené nos observations en snorkeling était plutôt en bonne santé, même si nous y avons vu que certains coraux avait blanchi sous l’effet du réchauffement climatique. Ces observations contrastaient dramatiquement avec celles effectuées mi-juillet sur un récif dénommé Guasopa Bay, sur l’îlee de Muyua. Là, avec Hasna, Kilian, Leonard et Jonathan, nous avons pu constater que la plupart des coraux avaient blanchi ou en train de blanchir, quand ils n’étaient pas carrément morts. Le fond de l’eau était jonché de débris de coraux offrant un spectacle très triste.

A tour de rôle, les jeunes ont également pu effectuer leur baptême de plongée sous-marine avec Jérôme, chef plongeur à bord de l’expédition. La mise à l’eau se fait depuis la plage, sous l’oeil attentif des nombreux enfants du coin.