Livre de bord

A l’ancre à Noro, près de l’île New Georgia aux Salomon, le skipper Péré raconte le stress que représente le fait de naviguer dans des eaux encore peu cartographiées, mais aussi le bonheur que procure le sentiment corollaire de remonter le temps et de voyager à l’ancienne.

« Depuis notre arrivée aux îles Salomon, le 19 juillet, nous avons fait des navigations côtières en permanence. Le paysage est magnifique. Sous la surface, des eaux très coralliennes et partout, de petites îles luxuriantes qui s’offrent à nos regards émerveillés.

Nous avons effectué notre premier arrêt à Emu Bay, sur l’île Ranongga, où nous avons passé une nuit avant de poursuivre jusqu’à Gizo, la deuxième île la plus grande de l’archipel, pour y effectuer les formalités d’entrée dans le pays et procéder à un avitaillement. La ville de Gizo elle-même, bien que la deuxième en taille des Salomon, n’est pas très grande mais nous y avons trouvé tout ce dont nous avions besoin.

Depuis Gizo, nous avons poursuivi vers l’île Loga, située à l’intérieure du lagon de Gizo, puis vers Vohohe Cove sur l’île de Kolombongara. Vohohe est une crique très bien protégée où habite une petite communauté avec laquelle nous avons eu des échanges très sympas. Kolombongara, pour sa part, est une île presque toute ronde couverte d’arbres et dominée par un volcan heureusement inactif caché par les nuages la plupart du temps, ce qui donne une atmosphère très particulière au lieu, un petit air de mystère et d’exploration.

A ce propos… Toutes ces contrées, ces îles et îlots rencontrés, sont d’une grande beauté mais en tant que skipper, mon problème a cependant été qu’elles demeurent très peu ou mal cartographiées, ce qui rend la navigation à la voile un peu stressante. Mais en même temps, c’est ce qui donne l’impression de remonter le temps et de renouer avec une époque où, en absence de cartes, tout était encore à explorer et à découvrir.

Un peu à l’image de l’expédition de Magellan lorsqu’elle cherchait désespérément les îles aux épices en mer de Sulu, au sud des Philippines, et comptait pour se faire sur des pilotes locaux, nous avons nous-mêmes eu recours à un guide local pour franchir sans encombre la passe du lagon de Vonanvona. Rina Billy, c’est son nom, nous a ainsi montré le chemin depuis le bout-dehors, d’où il se repérait en fonction notamment de la couleur de l’eau. En profitant de son savoir, et avec l’aide aussi l’un des membres d’équipage perché en hauteur sur les barres de flèche pour avertir des récifs, nous avons ainsi visité des endroits qu’il aurait été difficile, si ce n’est impossible, de découvrir autrement avec un voilier comme Fleur de Passion.

En ce qui concerne la météo, nous sommes dans la saison des Alizées. Les vents soufflent la plupart du temps du sud-est. Nous avons un peu de soleil à peu près tous les jours, des nuages et de la pluie bien que ce soit quasiment la fin de la saison des pluies.

En ce 4 août 2017, nous prévoyons de quitter Noro en direction de l’île Santa Isabel. »